Philippe
Michel Labrosse, Directeur général Abeille Assurances
| | "La retraite représente, dans l’esprit des Français, un moment de répit et de liberté attendu avec impatience. Pour autant, la perspective de la retraite se prépare et s’anticipe. C’est une source constante de questionnements, de zones d’ombre, d’incompréhension, voire d’anxiété. Notre sondage, dont nous publions aujourd’hui les résultats en exclusivité, confirme bien ce constat et la nécessité de renforcer l’information et le conseil. Abeille Assurances, par son histoire et son expertise, est un acteur majeur de la retraite complémentaire en France, à la fois pour les travailleurs indépendants, les entreprises et les salariés.
Si depuis de nombreuses années déjà, les travailleurs indépendants ont « appris » à utiliser les dispositifs complémentaires existants, il est désormais évident que pour les salariés aussi, le besoin de financements supplémentaires va devenir indispensable. Si les salariés souhaitent maintenir leur niveau de vie et un reste à vivre confortable à la retraite, cela implique de s’y préparer et d’épargner. L’urgence est là. Or, par une confiance aveugle dans le système par répartition de nos ainés et par manque de pédagogie et d’information, trop peu de français passent à l’acte. Pourtant, des solutions existent, que les pouvoirs publics n’ont cessé d’essayer de simplifier et d’organiser. |
Nous avons demandé à Odoxa de sonder les Français sur leurs connaissances, leurs intentions et leurs perceptions de la réforme à venir. Il en ressort notamment que les 40-54 ans ont le sentiment d’être la génération sacrifiée sur l’autel des conséquences du babyboom, de la démographie et de l’employabilité des séniors. Ils ont le sentiment d’être victimes de la double peine. Pourtant, il n’est pas trop tard pour eux de réagir rapidement et d’investir durablement.L’avenir des retraites des Français ne passe plus seulement par la constitution d’une simple épargne complémentaire. Il faut désormais évoluer de la constitution d’un complément de retraite à la construction d’une composante de la future retraite, et les décisions nécessaires doivent être prises le plus tôt possible au cours de la vie active.
Le sondage montre également que la nouvelle réforme doit répondre à plusieurs nécessités :
- Un fort besoin d’information pour une meilleure prise de conscience des Français : la demande d’accompagnement des Français pour comprendre comment bien préparer leur retraite est forte ; et nous avons un rôle important à jouer. A ce titre, toute entreprise devrait sensibiliser ses salariés à la retraite et aux outils mis à leur disposition deux fois par an.
- Plus que jamais le conseil doit être au cœur du dispositif. En fonction des situations patrimoniales et matrimoniales, il n’existe pas un produit mais une palette de produits (PER individuel ou collectif, Assurance Vie, …). Bien se faire bien conseiller par un agent général ou un conseiller en gestion de patrimoine est clé dans la préparation de sa future retraite.
Gaël Sliman, Président et co-fondateur d’Odoxa
| | « Ce sondage est riche de nombreux enseignements. J’en retiens deux qui se dégagent plus particulièrement : les 40-54 ans estiment être une « génération sacrifiée » à plus de 85%, et les Français sont à ce point opposés à la réforme de l’âge légal au-delà de 65 ans (lui préférant une augmentation du nombre d’années de cotisations) qu’ils sont 6 sur 10 à assurer être prêts à partir avant 65 ans quitte à voir leur pension réduite ! Au-delà, le besoin de pédagogie et d’information est criant pour des Français qui sous-estiment largement le nombre d’années qu’ils passeront à la retraite. Les chiffres sont à cet égard parfois très surprenants à l’échelon régional. Un autre clivage majeur est révélé par l’étude : les 40-54 ans se sentent sacrifiés et trahis. Le gouvernement, s’il veut que sa réforme soit comprise, va donc devoir être plus créatif et trouver des dispositifs pour ne pas développer le sentiment d’injustice au risque de fortement mécontenter les Français. Une réforme des retraites mal négociée serait une réforme clivante, opposant les générations entre elles. » |
Les Français mythifient la retraite : ils ont hâte d’y être mais sont mal informés à son sujet et craignant de ne pas avoir une pension correcte, ils font « les fourmis » en épargnant tous azimuts
- 6 Français sur 10 attendent la retraite avec impatience, mais 7 sur 10 ne pensent pas qu’ils auront une retraite correcte.
- 88% des Français, pensent que pour disposer d’un niveau de pension suffisant, il faut se constituer une épargne-retraite individuelle. La moitié (49%) des Français (non retraités) mettent d’ailleurs déjà de l’argent de côté pour compléter leur retraite ou comptent le faire.
- Mais nos concitoyens sont mal informés sur leur retraite :ils sous-estiment le temps qu’ils y passeront (18 ans contre 25 ans aujourd’hui) et 67% ne connaissent pas les différentes possibilités qui existent actuellement pour se constituer un complément de retraite.
Ils rejettent massivement la réforme des retraites voulue par le gouvernement et impliquant (pour le moment) une augmentation de l’âge légal de départ :
- 72% des Français pensent que cette réforme est une « mauvaise réforme » et 71% se disent « inquiets pour eux-mêmes » concernant leur propre départ à la retraite.
- D’ailleurs, si cette réforme est votée, 58% des Français assurent qu’ils partiront quand même avant 65 ans, quitte à ce que leur pension de retraite soit moins importante.
- Pourquoi un tel rejet ? Parce que cette réforme est perçue comme « socialement injuste » (75%) et « pas efficace pour sauver notre système » (68%) et parce que les Français préféreraient (59% vs 37%) que l’on « joue » sur la durée de cotisation plutôt que l’âge.
- Oui, mais voilà, les Français sont largement persuadés (62% vs 36%) que cette réforme dont ils ne veulent pas sera finalement bien votée.
Les 40-54 ans sont la classe d’âge qui sera la première à connaître les effets de la réforme. Ils sont systématiquement les plus hostiles, se percevant largement comme une « génération sacrifiée » :
- 73% pensent qu’ils passeront moins de temps à la retraite que les « baby-boomers »
- 75% pensent que le vote de la réforme les mettrait « au pied du mur ou mis devant le fait accompli » en étant « prévenu trop tard à seulement 10/15 ans de leur retraite »
- 77% pensent qu’elle « pénalisera plus particulièrement les personnes nées (comme eux) après les années 70 »
- Pour finir, 87% se perçoivent comme une génération qui « paiera » deux fois, à la fois pour les générations parties avant-eux, mais aussi pour leur propre génération.